Dans l’histoire de l’automobile française, certains noms brillent encore aujourd’hui d’un éclat particulier. Parmi eux, Ariès occupe une place à part. Cette marque de luxe, bien que disparue depuis longtemps, reste gravée dans la mémoire des passionnés comme un symbole d’excellence et d’innovation à la Française.

 

Les débuts prometteurs d’une marque ambitieuse

 

Fondée en 1903 par le Baron Charles Petiet, Ariès naît dans un contexte d’effervescence autour de l’automobile. Le début du 20e siècle voit en effet l’émergence de nombreux constructeurs, chacun cherchant à s’imposer sur ce marché naissant.

Dès ses débuts, Ariès se démarque par son ambition. Le Baron Petiet, ingénieur diplômé de l’École Centrale, souhaite créer des véhicules alliant luxe, fiabilité et performances. Le nom même de la marque, inspiré du bélier en latin, évoque la robustesse et la puissance.

Les premières Ariès séduisent rapidement une clientèle aisée en quête d’automobiles haut de gamme. La Type A, premier modèle de la marque, impressionne par sa qualité de fabrication et ses performances pour l’époque.

 

L’âge d’or d’Ariès dans les années 1920

 

C’est véritablement dans les années 1920 qu’Ariès connaît son apogée. La marque s’illustre alors dans les compétitions automobiles, démontrant la fiabilité et les performances de ses modèles.

En 1925, Ariès présente la « Grand Sport », spécialement conçue pour la compétition. Ce modèle remporte de nombreux succès, notamment une victoire à la prestigieuse Coupe Georges Boillot en 1927.

Le point d’orgue de cette période faste reste la participation d’Ariès aux 24 Heures du Mans en 1927. L’Ariès 3L « surbaissée » pilotée par Robert Laly et Jean Chassagne domine la course pendant 22 heures, avant d’abandonner sur un problème mécanique alors qu’elle comptait trois tours d’avance. Cet épisode, bien que frustrant, démontre le potentiel exceptionnel des voitures Ariès.

 

Un savoir-faire reconnu dans le luxe automobile

 

Au-delà de la compétition, Ariès s’impose comme un acteur majeur du luxe automobile français. Ses modèles rivalisent sans complexe avec les plus grandes marques de l’époque, y compris Rolls-Royce.

La qualité de fabrication des Ariès est unanimement saluée. Le Baron Petiet met un point d’honneur à utiliser les meilleurs matériaux et à soigner les moindres détails. Les intérieurs en cuir raffiné, les boiseries précieuses et les chromes étincelants font la réputation de la marque.

L’innovation est également au cœur de la philosophie d’Ariès. La marque n’hésite pas à expérimenter de nouvelles solutions techniques pour améliorer le confort et les performances de ses véhicules.

 

Le déclin et la disparition regrettée d’Ariès

 

Malheureusement, comme de nombreuses marques de luxe de l’époque, Ariès ne survit pas à la crise économique des années 1930. Malgré les efforts du Baron Petiet pour diversifier l’activité, notamment dans les véhicules utilitaires, la situation financière de l’entreprise se dégrade.

En 1938, après 35 ans d’existence, le Baron Petiet prend la douloureuse décision de liquider la société des automobiles Ariès. Cette disparition marque la fin d’une belle aventure industrielle française.

 

Un héritage qui perdure

 

Bien qu’Ariès ait cessé son activité, il y a plus de 80 ans, son héritage perdure. Les rares modèles ayant survécu sont aujourd’hui très recherchés par les collectionneurs. Une Ariès CC4S coach de 1930, même dans un état déplorable, s’est ainsi vendue 17 400 € en 2015.

Quelques musées automobiles exposent fièrement des Ariès, témoins d’une époque révolue où le luxe automobile français rivalisait avec les plus grands. On peut notamment admirer un magnifique Torpedo Ariès 3 litres de 1913 au Musée de l’Automobile de Vendée.

 

Une marque qui aurait pu survivre ?

 

Avec le recul, on peut se demander si Ariès aurait pu survivre en se concentrant uniquement sur le segment du luxe. La diversification voulue par le Baron Petiet, notamment dans les véhicules utilitaires, a sans doute fragilisé l’entreprise face à des concurrents plus spécialisés comme Renault ou Berliet.

Néanmoins, le savoir-faire d’Ariès dans le luxe automobile aurait peut-être pu lui permettre de traverser la crise si la marque s’était recentrée sur ce segment. Malheureusement, l’Histoire en a décidé autrement.

 

Le Baron Petiet, une figure marquante de l’industrie automobile française

 

Au-delà de la marque Ariès, il convient de souligner le rôle important joué par le Baron Charles Petiet dans l’industrie automobile française. Après la disparition d’Ariès, il continue à œuvrer pour fédérer et structurer le secteur.

Président du Comité du Salon de l’Automobile de 1919 à 1958 et de la Chambre syndicale des constructeurs automobiles pendant 35 ans, le Baron Petiet a largement contribué au rayonnement de l’industrie automobile française.

 

Ariès, un symbole du luxe automobile français disparu

 

La disparition d’Ariès reste un épisode regrettable de l’histoire automobile française. Cette marque incarnait un certain art de vivre à la française, alliant luxe, performances et innovation.

Bien que disparue depuis longtemps, Ariès continue de fasciner les passionnés d’automobile. Son histoire rappelle l’âge d’or de l’industrie automobile française, quand le pays rivalisait avec les plus grands constructeurs mondiaux dans le segment du luxe.

Aujourd’hui, alors que l’industrie automobile connaît de profonds bouleversements, l’histoire d’Ariès résonne comme un rappel de l’excellence française dans ce domaine. Elle invite aussi à réfléchir sur la fragilité des entreprises face aux aléas économiques, même lorsqu’elles excellent dans leur domaine.

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